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Les voluptés du temps
14 novembre 2018

L comme... Léonie à Lembras!

Bon, ben je n'ai plus le choix, il n'y a qu'une personne et qu'un lieu qui correspond à cette lettre. Lembras se trouve en Dordogne, à quelques kilomètres de Bergerac. Tout comme Amour s'écrit avec un grand A, Léonie aussi... Ah je pourrais refaire la chanson de Fernandel avec et au lieu de Félicie, ce serait Léonie, mais ça serait moins drôle car ce post va être bourré de tendresse et d'amour, et mon bureau de mouchoirs, et puis Ma Léonie n'est pas bancale et elle n'a pas de poil aux pattes!

Léonie est ma grand-mère maternelle, Mémé pour ses petites-filles. Elle est l'amour inconditionnel grand-maternel, elle est le battement de mon coeur chaque jour et chaque fois qu'elle me revient à l'esprit. Elle vit avec moi, à l'intérieur de moi. Ma mémé est décédée le 15 septembre 1978, j'avais 8 ans 3/4 quand un soir, la sonnerie du téléphone a retenti en moi comme le glas, avant même que ma mère ne décroche ce fichu téléphone, tout nouvellement installé dans notre maison toute neuve... Ma mère lavait notre chienne pékinoise dans la baignoire et je la regardais faire, le téléphone sonna, elle s'est précipitée pour répondre, me laissant avec chien, mousse et eau, le tout dégoulinant. Mais au moment où elle lâchait tout, je savais...

Je ne savais pas par contre que Léonie était hospitalisée, c'est le médecin qui a prévenu ma mère. Cette dernière a appelé mon père qui était de garde (militaire). Elle a fait des valises, nous a collé chez la voisine que l'on connaissait à peine et sont partis, sans un mot, sans une explication... Arf, si peut-être quand même et encore, pas sûr!

Voilà, on ne reparlera plus de Mémé à la maison, nous n'irons plus la voir, mais si, nous y retournerons, tous les 1 novembre... Si un 1er novembre vous me cherchez, n'allez pas dans un cimetière, je n'y serais pas! 

Pourquoi autant d'amour pour elle que j'ai connu si peu? Parce qu'elle est douce et aimante, câline et gentille, parce que lorsqu'on arrive chez elle, elle nous prépare une "salade" d'échalotes et d'oignons, et ne cherchez pas de salade là-dedans, il n'y en a pas, juste des oignons, des échalotes et de la vinaigrette! Parce que sa soupe à l'oignon est un régal, comme toutes les autres. Parce que avec des pâtes elle fait des gratins à la poêle fondants et croustillants. Parce qu'il y a toujours du sirop d'anis dans le pichet en plastique transparent et bleu et qu'elle nous laisse utiliser le parfum à la violette qui est dans la chambre de nos parents... Elle a un confiturier qui sent bon le pain, le poivre et le bois. Sur sa cuisinière à bois, il y a toujours de l'eau qui boue, une soupe qui cuit, un café qui reste au chaud. Sous cette cuisinière, elle y range ses chaussons pour qu'il reste au chaud et ceux de ma Tatie. Mémé vit seule avec sa fille ainée depuis le décès de son mari, en 1967, je ne l'ai pas connu, mais il paraît qu'il était formidable, j'en déduis qu'ils allaient donc de paire!

La maison de Léonie est très grande, la pièce de vie doit faire pas loin de 100 m², avec son parquet qui brille et que l'on s'amuse à astiquer avec les pailles de fer à nos pieds. La salle de bain n'existe toujours pas, on se lave dans l'évier en pierre, creusé dans le mur et une fois débarbouillés, la vaisselle faite (nos bols avec nos prénoms dessus), on referme les deux portes pour le cacher! Les toilettes sont dans le chai, que ça fait peur d'y aller, il y a du bruit dans les buches qui attendent d'être brulées, certainement des souris. Au fond du chai, une porte en bois qui donne sur le trône! Et quel trône, un caisson en bois avec en son centre, un trou gigantesque, d'un diamètre bien plus grand que ce que je dois poser dessus... Heureusement, la nuit nous avons un pot de chambre!

Notre chambre dessert celle de Léonie à gauche et celle de Tatie à droite. Les portes grincent, le parquet présent ici aussi (et toujours pas de Félicie, ni de cale!). Notre lit est un cosy et dans ce même lit, bien que la literie soit changée, mon petit-fils y dort lors de ses visites. De mémoire, il date de 1875 et pour rien au monde je ne m'en séparerai, tout comme de la machine à coudre de ma grand-mère qui trônait dans sa chambre.

Vers 15 ou 16 heure, le tube, enfin le Citroën type H de l'épicier passe et ça c'est trop chouette, parce que chez nos parents, on ne fait pas 4 heure et que chez mémé, si! Limonade et pain au chocolat... Hum! J'ai bien dit pain au chocolat et pas chocolatine qui ne sont pas du tout la même chose! Après notre collation, nous repartons jouer dans la campagne, il faut dire que rien n'est fermé, aucune clôture, enfin, si, devant à cause de la route, mais derrière, il n'y a aucune barrière. Nous courrons au travers des vignes de Pécharmant, nous ramassons de poires, quelles sont belles, bien vertes!!! Vive le pot de chambre!!! Et les figues violettes! Les noisettes nous attendrons pour le fameux 1er novembre! Nous étions libres, heureuses, aimées et choyées!

Des souvenirs en si peu de temps, j'en ai à la pelle, j'ai tout gravé en moi, mais si la vue, l'ouïe, le toucher et le goût ne me ramènent pas à Lembras, les odeurs m'y transportent illico. Pas celle du pain, ça n'est plus du pain que l'on mange aujourd'hui... Pfff! Mais celle du poivre, celle du bois, celle du buis, celle de la campagne, ou tout simplement de la Dordogne. Aujourd'hui, je me surprends à saler comme elle, au gros sel... Et surtout, j'ai appris à aimer, à respecter, à choyer mes enfants dès leur naissance, tout comme elle a tant aimé ses filles. Et non pas que je veuille que mon petit-fils souffre un jour de mon absence, mais je veux lui donner un souvenir impérissable de moi, de nous, comme j'ai celui de ma Mémé que j'appelle très tendrement Ma Léonie. Si vous voulez la rencontrer, elle est sur la photo de mariage avec ma Tatie sur les genoux, entre l'accordéoniste et le marié. Mon grand-père est tout en haut, faisant le pitre comme à son habitude, avec son beau-frère, le béret en arrière, le verre à la main et le doigt dans la bouche! Les parents de Léonie, Marie-Jeanne et Louis sont à côté de la mariée, Anna, une autre de leur fille. 

Mariage_1937J'adore cette photo, car tous les enfants et petits enfants de Marie-Jeanne et Louis sont présent. 

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